Travailler en Angleterre après le Brexit : quelles sont les nouvelles règles ?

Peut-on encore facilement travailler au Royaume-Uni après la sortie de l’Union européenne ? Quelles démarches faut-il prévoir pour obtenir un emploi sur place ? Depuis le Brexit, de nombreuses règles ont changé et méritent d’être bien comprises. Découvrez les conditions actuelles pour travailler légalement en Angleterre.

Quels changements pour les citoyens de l’Union européenne ?

Depuis la fin de la libre circulation, les citoyens européens ne peuvent plus s’installer et travailler au Royaume-Uni aussi simplement qu’avant. Ce bouleversement s’est accompagné d’un nouveau système migratoire à points, calqué sur celui de certains pays comme le Canada. Voici les trois principales évolutions que chaque travailleur doit connaître.

La fin de la libre circulation des travailleurs

Avec la sortie de l’UE, les citoyens européens ne bénéficient plus d’un accès automatique au marché de l’emploi britannique. Il n’est désormais plus possible de s’installer et de chercher un travail sur place sans formalité préalable. Cela signifie que chaque candidat à l’emploi doit passer par une demande de visa, avec des conditions strictes.

Cette fin de la libre circulation a bouleversé les habitudes de nombreuses entreprises britanniques, qui avaient l’habitude de recruter facilement sur le continent. Certains secteurs, comme la santé ou l’hôtellerie, ont vu leur accès à la main-d’œuvre étrangère se complexifier. Le changement a aussi ralenti l’arrivée de nouveaux profils dans certains métiers en tension.

Pour les citoyens européens, cela implique une anticipation plus rigoureuse : il faut désormais être recruté avant de venir, et répondre aux critères imposés. Travailler en Angleterre n’est donc plus un projet spontané, mais une démarche planifiée et encadrée.

Le système à points pour l’immigration

Le Royaume-Uni a mis en place un système d’immigration à points, où chaque candidat est évalué selon des critères précis : offre d’emploi, niveau de qualification, salaire proposé, et maîtrise de l’anglais. Il faut atteindre un seuil de 70 points pour obtenir un visa de travail.

Ce système vise à attirer des profils qualifiés, utiles à l’économie britannique. Il favorise donc les métiers techniques, scientifiques ou médicaux, tout en restreignant l’accès aux emplois peu qualifiés. Il s’agit d’un changement majeur par rapport à l’époque où toute personne de l’UE pouvait travailler librement, quel que soit son profil.

La logique derrière ce système est claire : limiter l’immigration non qualifiée et attirer des talents spécifiques. Pour les candidats européens, cela veut dire qu’un simple souhait de travailler ne suffit plus : il faut remplir les critères et valoriser ses compétences pour espérer obtenir un visa.

La nécessité d’un visa de travail

Depuis 2021, tout citoyen européen doit obtenir un visa pour pouvoir travailler au Royaume-Uni. Ce visa n’est pas automatique et dépend de plusieurs conditions : avoir une offre d’emploi ferme, travailler pour un employeur agréé et répondre aux critères du visa demandé.

Cela représente un véritable obstacle pour certains, notamment ceux qui espéraient venir chercher un travail sur place. Le visa doit être demandé avant le départ, ce qui impose une préparation administrative et logistique plus lourde. Les délais peuvent aussi varier, selon les périodes et la complexité du dossier.

Obtenir un visa de travail est donc devenu le passage obligé pour exercer une activité professionnelle au Royaume-Uni. Pour autant, avec les bons documents et un projet solide, cela reste tout à fait faisable.

Quels types de visas sont disponibles pour travailler ?

Plusieurs types de visas ont été mis en place pour répondre aux besoins de l’économie britannique. Du visa destiné aux travailleurs qualifiés à celui pensé pour les jeunes diplômés, chacun vise un profil spécifique. Voici les principales options ouvertes aux candidats européens.

Le Skilled Worker visa pour les emplois qualifiés

Le Skilled Worker visa est le principal visa de travail au Royaume-Uni. Il s’adresse aux personnes ayant une offre d’emploi dans un métier qualifié, et proposé par un employeur sponsorisé. Ce visa remplace l’ancien Tier 2 et ouvre la voie à une installation durable au Royaume-Uni.

Pour l’obtenir, il faut que l’emploi proposé corresponde à un métier éligible, avec un niveau de salaire minimum. L’entreprise doit être enregistrée auprès du Home Office comme sponsor, ce qui garantit la légalité de la procédure. Ce visa peut mener à une résidence permanente après cinq ans.

Il est très utilisé dans les domaines comme la santé, l’ingénierie, l’informatique ou l’enseignement. Il représente une voie stable et reconnue pour travailler en Angleterre de manière sécurisée et légale.

Le Graduate visa pour les étudiants étrangers

Le Graduate visa est une option pour les étudiants étrangers qui terminent leurs études dans une université britannique. Il permet de rester et de travailler au Royaume-Uni pendant deux ans après l’obtention du diplôme, sans qu’un employeur ait à sponsoriser le visa.

Ce visa est conçu pour permettre aux jeunes diplômés de gagner de l’expérience professionnelle sur place. Il est souvent utilisé comme tremplin vers un Skilled Worker visa, une fois un emploi stable trouvé. C’est une solution appréciée pour tester le marché du travail britannique.

Accessible sans conditions salariales strictes, le Graduate visa favorise l’insertion professionnelle des jeunes talents formés au Royaume-Uni. Il représente une belle opportunité pour débuter une carrière internationale.

D’autres visas spécifiques selon les secteurs

En plus des deux visas majeurs, d’autres catégories ont été créées pour répondre à des besoins ciblés. Il existe par exemple le Health and Care visa pour les professionnels de santé, ou encore le Global Talent visa destiné aux chercheurs et artistes reconnus.

Ces visas spécifiques ont l’avantage d’être plus souples ou rapides à obtenir, selon les cas. Ils s’adressent à des profils rares ou très recherchés. Pour certains secteurs comme l’agriculture ou les technologies, des programmes saisonniers ou d’innovation sont également disponibles.

Il est donc important d’identifier le visa le plus adapté à son profil professionnel. Une bonne connaissance des options existantes peut considérablement faciliter l’installation au Royaume-Uni.

Quels sont les critères pour obtenir un visa ?

Obtenir un visa pour travailler au Royaume-Uni repose sur des critères bien définis. Trois conditions principales reviennent dans la majorité des cas : un contrat d’embauche, un niveau de salaire minimum et une maîtrise suffisante de l’anglais. Regardons ces éléments en détail.

Un contrat de travail avec un employeur agréé

Le visa de travail est généralement accordé uniquement si l’on dispose d’une offre d’emploi ferme, émanant d’un employeur reconnu comme sponsor. Ce statut permet à l’entreprise de recruter légalement des travailleurs étrangers, en respectant les règles du Home Office.

Sans ce contrat, la demande de visa ne peut aboutir. C’est pourquoi la première étape reste toujours de décrocher un emploi. L’entreprise devra ensuite fournir un certificat de parrainage, prouvant la réalité de l’embauche et la conformité de l’offre au système britannique.

Ce lien direct entre l’employeur et le visa impose une collaboration étroite dès le recrutement. Il est donc essentiel de bien cibler les entreprises autorisées à parrainer des travailleurs étrangers.

Un niveau de salaire minimum requis

Le gouvernement britannique impose un salaire minimum pour chaque type de visa, afin de garantir que seuls des emplois qualifiés soient concernés. Pour le Skilled Worker visa, ce seuil est généralement autour de 26 200 £ par an, mais peut varier selon les métiers.

Ce critère vise à éviter les abus et à protéger le marché du travail local. Les métiers en pénurie peuvent bénéficier d’un seuil légèrement plus bas, afin de répondre à la demande urgente de main-d’œuvre. Il reste toutefois indispensable de vérifier le salaire proposé avant de postuler.

Ce niveau de salaire est un filtre important : il assure que l’emploi est viable économiquement et qu’il correspond bien à un besoin réel du marché britannique.

Un bon niveau d’anglais prouvé par un test

La maîtrise de l’anglais est un critère incontournable pour obtenir un visa de travail. Il faut généralement réussir un test reconnu, comme l’IELTS ou le SELT, avec un niveau minimum exigé selon le type de visa.

Cela permet de s’assurer que le candidat pourra communiquer efficacement dans le cadre professionnel. Le niveau requis est souvent équivalent au B1 ou B2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Il ne s’agit donc pas de parler parfaitement, mais de pouvoir comprendre et échanger en anglais.

Les diplômés d’universités anglophones ou les personnes ayant déjà travaillé en anglais peuvent parfois être exemptés de test. Mais pour la majorité des candidats, une préparation linguistique est indispensable.

Comment postuler à un emploi depuis l’étranger ?

Postuler à un emploi au Royaume-Uni depuis son pays d’origine demande une certaine organisation. Entre les sites à consulter, les secteurs à viser et les documents à préparer, il est essentiel d’adopter une méthode claire et stratégique. Voici les bonnes pratiques pour réussir.

Utiliser les sites d’emploi britanniques

Le premier réflexe à avoir est de consulter les plateformes de recrutement locales. Des sites comme Indeed UK, Reed, Totaljobs ou le portail officiel du gouvernement (Find a job) regorgent d’offres d’emploi à jour, dans tous les secteurs.

Ces plateformes permettent de filtrer les annonces selon les critères du visa, comme la présence d’un sponsor ou le niveau de salaire. Certaines entreprises indiquent clairement leur capacité à recruter des travailleurs étrangers, ce qui facilite la sélection des offres pertinentes.

En postulant directement en ligne, on peut entrer en contact avec des recruteurs habitués aux procédures de visa. Cela augmente considérablement les chances d’être retenu et accompagné dans les démarches.

Cibler les secteurs en demande de main-d’œuvre

Certains secteurs peinent à recruter localement et sont donc plus ouverts aux candidats étrangers. C’est le cas notamment de la santé, du BTP, des technologies, de l’agriculture ou de la restauration. Le gouvernement publie régulièrement une liste des métiers en tension (Shortage Occupation List).

Cibler ces domaines augmente les chances de décrocher une offre éligible à un visa. Ces secteurs peuvent aussi offrir des conditions salariales plus accessibles ou un processus de parrainage plus rapide. Il est donc stratégique de s’aligner sur les besoins actuels du marché britannique.

Connaître les priorités du pays permet d’orienter efficacement sa recherche d’emploi et d’adapter son profil en conséquence.

Préparer un CV adapté aux normes anglaises

Le CV britannique a ses propres codes, différents du modèle français. Il est souvent plus concis, sans photo, et insiste davantage sur les compétences que sur les diplômes. Il faut également accompagner son CV d’une lettre de motivation claire et personnalisée.

Un bon CV anglais commence par un court résumé de profil (« personal statement »), suivi de l’expérience professionnelle et des qualifications. Les compétences clés et les réussites doivent être mises en valeur de manière précise et concrète.

Adapter son CV aux attentes locales montre au recruteur sa motivation et sa compréhension du contexte britannique. C’est une étape essentielle pour se démarquer et passer les premières sélections.

Quelles sont les conditions de travail au Royaume-Uni ?

Travailler en Angleterre, c’est aussi s’adapter à une culture professionnelle différente et à un cadre légal spécifique. De la durée du travail aux droits sociaux, en passant par la protection des salariés étrangers, voici les éléments clés à connaître avant de commencer.

La durée légale du travail et les congés

La durée légale du travail au Royaume-Uni est de 48 heures par semaine maximum, avec une moyenne souvent autour de 37 à 40 heures. Les salariés ont droit à 28 jours de congés payés par an, jours fériés compris.

Les horaires peuvent être plus flexibles qu’en France, avec la possibilité d’aménager son emploi du temps selon les besoins de l’entreprise. Le télétravail est également en plein essor dans de nombreux secteurs depuis la pandémie.

Les congés sont généralement indiqués dans le contrat de travail, et leur prise doit être validée à l’avance. Malgré une réputation de rigueur, le Royaume-Uni reste attaché à un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Les droits des travailleurs étrangers

Les travailleurs étrangers bénéficient des mêmes droits fondamentaux que les citoyens britanniques. Ils sont protégés contre les discriminations, ont droit à un salaire minimum légal, et peuvent faire valoir leurs droits devant un tribunal du travail si nécessaire.

Le respect des conditions de travail est surveillé par des instances comme l’ACAS ou le HMRC. En cas de litige, les recours sont clairs et les protections effectives, même pour les ressortissants européens sous visa. La transparence des contrats est également une exigence légale.

Les employeurs sont tenus de respecter un certain nombre d’obligations, notamment en matière de santé, sécurité et traitement équitable. Travailler légalement garantit donc un cadre protecteur.

Le système de sécurité sociale britannique

Le Royaume-Uni dispose d’un système de sécurité sociale appelé National Insurance. Il couvre les soins de santé via le NHS, les allocations chômage, les pensions et certaines aides familiales. Pour y accéder, il faut obtenir un numéro d’assurance nationale (NIN).

Les cotisations sont prélevées sur le salaire, comme en France, mais les taux et les prestations peuvent différer. Le NHS permet de bénéficier de soins gratuits ou à coût réduit, bien que certains services soient payants. Les travailleurs sous visa y ont généralement droit dès lors qu’ils paient une surcharge santé annuelle.

Comprendre le fonctionnement de la sécurité sociale britannique est essentiel pour anticiper ses droits et obligations. Cela permet d’aborder son emploi en toute sérénité.